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Prendre la science des petits – par le shaykh ‘Abd As-Salâm Ibn Barjass

06 Juin

Le shaykh bien-aimé, le noble savant ‘Abd As-Salâm Ibn Barjass Âl ‘Abd Al Karîm (1387-1425 h.) a laissé à la communauté islamique un patrimoine scientifique non négligeable. Parmi ses écrits on trouve le livre bénéfique « Obstacles à l’apprentissage » (عوائق الطلب)Voici la traduction de l’obstacle qu’il a placé en quatrième position : « Prendre la science des petits. »

Il dit -qu’Allah lui fasse miséricorde- :

Ce phénomène est en réalité un mal grave et une maladie chronique qui empêche l’étudiant d’atteindre son objectif et qui le fait dévier du chemin sain menant à la science.

Ceci car prendre la science auprès des jeunes dont le pied ne s’est pas enraciné dans la science et dont les barbes n’y ont pas blanchi, avec la présence de quelqu’un de plus âgé et de plus enraciné, affaiblit la base du débutant, l’empêche de profiter de l’expérience des grands savants et d’acquérir leurs bonnes manières qui ont été réformées par la science et le temps. Ainsi que d’autres raisons que révèle le athar d’Ibn Mass’ûd lorsqu’il dit : « Les gens ne cesseront d’être dans le bien tant qu’ils prendront la science de leurs grands, leurs dignes de confiance et leurs savants ; et s’ils la prennent de leurs petits et de leurs mauvais, ils périront. »

Le hadîth authentique d’après Abî Omayya Al Jomhy mentionne que le Messager d’Allah -que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui- a dit : « Parmi les signes de l’Heure, il y a le fait de rechercher la science auprès des petits ».

Les gens ont divergé quant à l’explication des « petits » ici en avançant plusieurs paroles citées par Ibn ‘Abd Al Barr -qu’Allah lui fasse miséricorde- dans Al Jâmi’ (1/157) et Ash-SHâtiby -qu’Allah lui fasse miséricorde » dans Al I’tissâm (2/93).

Ibn Qotayba -qu’Allah lui fasse miséricorde- est d’avis que les petits sont les petits en âge. Il a dit suite au athar  d’Ibn Mass’ûd précédemment cité : « Il veut dire que les gens ne cesseront d’être dans le bien tant que leurs savants sont des personnes âgées, et non des petits jeunes, car la personne âgée n’a plus le plaisir de la jeunesse, ni sa dureté, sa précipitation et sa faiblesse d’esprit. Il est plutôt orné d’expérience et de savoir-faire, il ne peut être atteint d’une ambiguïté, ni se faire battre par la passion, ni même être entraîné par la convoitise, ni encore trébucher par le fait du Diable comme ce dernier le fait avec le jeune. L’âge suscite la retenue, la vénération et le respect. Le jeune, lui, peut être éprouvé par ces choses qui n’atteignent pas la personne âgée. Si donc elles atteignent le jeune et qu’il émet une fatwa, il périra et fera périr. »

Ibn ‘Abd Al Barr rapporte de ‘Omar Ibn Al KHattâb -qu’Allah l’agrée- qu’il a dit : « Je sais quand les gens sont dans le bien et quand ils sont dans la corruption. Si le savoir vient du petit, le grand s’en trouve réfractaire ; et si le savoir provient du grand, le petit le suit et les voilà tous deux guidés. »

Ibn ‘Abd Al Barr rapporte également de Abou Al Ahwass qui tient de ‘Abd Allah qu’il a dit : « Vous ne cesserez d’être dans le bien tant que la science sera avec vos grands, et si la science se retrouve avec vos petits, le grand jettera le discrédit sur le petit. »

Il y a dans ces deux athar  une autre raison de ne pas prendre la science du petit autre que celle citée par Ibn Qotayba, qui est la crainte de rejet de la science si elle parvient du petit.

Somme toute, la parole « le petit » est générale et désigne le petit au sens propre et figuré.

Ce jugement concernant le petit d’âge n’est pas absolu car certains parmi les Compagnons et les Suivants ont donné des fatwas et enseigné à un jeune âge en présence des grands, sauf que ceux-là sont rares après ces générations. Si l’on en trouve et que leur aptitude est connue, que leur science est apparue sérieuse après avoir été sondée, que l’on ne trouve personne parmi les grands de qui sont prises les sciences dont ils disposent et que la fitna sera évitée alors que l’on prenne d’eux.

Al Hajjâj Ibn Arta-a -qu’Allah lui fasse miséricorde- a dit : « Ils détestaient que l’homme transmette le hadith avant que les poils blancs n’apparaissent sur sa barbe. »

Le but n’est pas de délaisser la science du jeune en présence des grands, non ; mais le but est de mettre les gens à la place qui leur revient. Le droit du jeune qui s’est distingué est de profiter de lui en étudiant, révisant et discutant avec lui. Mais qu’il se mette en avant pour émettre des fatwas et qu’on lui écrive pour lui poser des questions alors non et mille non, car cela est un meurtre contre lui, une fitna et une tromperie pour lui-même.

Al Fodayl Ibn ‘Yyyâd -qu’Allah lui fasse miséricorde- a dit : « Si je vois un homme entouré de gens, je dirais : c’est un fou. Qui, quand les gens se rassemblent autour de lui, ces derniers ne souhaitent pas qu’il embellisse sa parole pour eux ? »
Il a aussi dit : « Il m’est parvenu que par le passé, quand les savants apprenaient, il mettaient en pratique, et quand ils mettaient en pratique ils s’occupaient, et quand il s’occupaient ils disparaissaient, et quand ils disparaissaient on les recherchait, et quand on les recherchait ils s’enfuyaient. »

Ô vous les étudiants, si vous désirez acquérir le savoir de ses sources alors voici les grands savants. Ceux dont les barbes ont blanchi, les corps se sont amaigris, et les forces ont été altérées dans le savoir et l’enseignement. Fréquentez-les assidûment avant que vous ne les perdiez, et extrayez leurs trésors avant qu’ils ne disparaissent avec eux. Et c’est dans la nuit ténébreuse que l’on recherche la pleine lune.

Avertissement : A cette époque, la norme de beaucoup de gens du commun a été faussée quant à l’appréciation des savants. Il considère toute personne ayant exhorté de manière éloquente, ou ayant donné une conférence objective, ou ayant prêché le joumou’a de manière improvisée comme un savant vers qui on revient pour la fatwa et de qui on prend la science.

Ceci est une douloureuse calamité et un phénomène humiliant, dont les étincelles se sont projetées et dont le mal s’est propagé. Car c’est attribuer la science à autre que celui à qui elle revient, et si l’affaire est confiée à autre que celui à qui elle revient alors attends-toi à l’Heure.

Que l’étudiant prenne donc garde à prendre la science de ceux-là, sauf s’ils sont parmi les gens de science connus.
Car toute personne qui sait s’exprimer n’est pas nécessairement un savant, de même que toute personne qui attire vers elle les regards en dénigrant les gouverneurs des musulmans ou toute autre qui cite le pourcentage de morts du sida et autre n’est pas nécessairement un savant.

Le sens de ce qui précède n’est pas -comme peuvent penser certains- de délaisser leur écoute, ou de ne pas profiter de leurs exhortations, pas du tout ; mais le but est de ne pas prendre d’eux la science religieuse et de ne pas les élever au rang des savants, et c’est Allah qui accorde la réussite.

Abd As-Salâm Ibn Barjass – (عوائق الطلب) Les obstacles à l’apprentissage (29-34)

Source : AbouLWaqt

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